S.
RÉSISTANCES A LA PSYCHANALYSE
Le petit enfant, dans les bras de sa garde, qui se
détourne en criant à la vue d'un visage étranger; le
croyant qui inaugure par une prière chaque journée
nouvelle et salue d'une bénédiction les prémices de
l'année le paysan qui refuse d'acheter une faux dont
n'usaient pas ses parents; autant de situations dont la
variété saute aux yeux et auxquelles il paraît légitime
d'associer des mobiles différents. Il serait pourtant injuste
de méconnaître leur caractère commun. Dans ces trois
cas, il s'agit du même malaise: l'enfant l'exprime d'une
façon élémentaire, le croyant l'apaise ingénieusement, le
paysan en fait le motif de sa décision. Mais l'origine de ce
malaise est la dépense psychique que le nouveau exige
toujours de la vie mentale et l'incertitude, poussée
jusqu'à l'attente anxieuse, qui l'accompagne. Il y aurait.
une belle étude à faire sur la réaction de l'âme à la
nouveauté en soi; car, dans certaines conditions qui ne
sont déjà plus élémentaires, on constate la réaction
inverse et une soif du nouveau pour l'amour du nouveau.
Dans le domaine des sciences, il ne devrait y avoir de
place pour la crainte du nouveau. Eternellement incom-
plète et insuffisante, la science est portée à chercher son
salut dans des découvertes et des interprétations nouvelles.
Elle fait bien d'éviter l'erreur grossière, de s'armer de
doute, de n'admettre le nouveau qu'après un examen
sérieux. Mais à l'occasion, ce scepticisme manifeste deux.
tendances inattendues. Il se dresse âprement contre les.
S.
210
LA REVUE JUIVE
innovations, ménageant avec respect ce qui est déjà
reconnu et éprouvé, et se contente de condamner, même
sans examen préalable. C'est alors qu'on s'aperçoit qu'il
n'est qu'un prolongement de cette réaction primitive
contre la nouveauté, une carapace de protection. L'histoire
des sciences nous montre assez d'innovations de grande
valeur qui provoquèrent une résistance intense et opi-
niâtre dont les événements ont, par la suite, démontré
l'absurdité. D'une façon générale, la résistance a tenu à
certains aspects concrets de l'innovation en cause; et
d'autre part, c'est l'effet total de ces aspects qui a réussi
à réduire la réaction primitive.
La psychanalyse, que je commençai à développer, il
y a environ trente ans, en partant des découvertes de
Joseph Breuer sur l'origine des symptômes nerveux, a été
singulièrement mal accueillie. Sa nouveauté est incontes-
table, encore qu'elle ait élaboré quantité de matériaux
connus, résultats de l'enseignement du grand aliéniste
Charcot, et des travaux relatifs aux phénomènes hypno-
tiques. A l'origine, sa portée était exclusivement théra-
peutique; elle prétendait créer un traitement nouveau et
efficace des maladies nerveuses. Mais des rapports que
l'on n'avait pas aperçus tout d'abord lui permirent de
dépasser de beaucoup son but initial. Elle put enfin pré-
tendre donner des bases nouvelles à notre conception de
la vie mentale et, en conséquence, être d'une application
légitime dans le domaine entier des sciences psycholo-
giques.
Après dix années de silence, elle devint tout d'un coup
d'un intérêt général et déchaîna une tempète de réfuta-
tions indignées.
Nous préférons ne rien dire ici des formes qu'a prises
cette résistance à la psychanalyse. Qu'il suffise d'observer
que, bien que la lutte contre cette nouveauté soit loin
d'être terminée, on en peut déjà prévoir l'issue. Ses
adversaires n'ont pas réussi à l'étouffer. La psychanalyse,
S.
211
RÉSISTANCES A LA PSYCHIANALYSE
dont j'étais, il y a vingt ans, le seul praticien, a trouvé
depuis lors de nombreux partisans, importants, zélés et
actifs, médecins et non-médecins, qui en font l'application
thérapeutique dans les maladies nerveuses, la cultivent
comme méthode d'investigation psychologique et l'utili-
sent, comme auxiliaire, pour leurs travaux scientifiques
dans les domaines les plus divers de la vie spirituelle.
Nous ne considérerons ici que les motifs de la résistance à
la psychanalyse, ses rapports internes, les différents élé-
ments qui la composent et leur valeur respective.
L'observation clinique doit rapprocher les névroses des
intoxications et des affections telles que la maladie de
Basedow. Ce sont des états qui tiennent à l'excès ou au
défaut de certaines substances très actives, sécrétées par le
corps même ou prises de l'extérieur, c'est-à-dire, en défini-
tive, à des troubles chimiques, à des toxiques. Isoler et
mettre en évidence la ou les substances hypothétiques,
caractéristiques des névroses, serait une découverte qui ne
risquerait pas de susciter l'opposition des médecins. Mais
rien n'indique que nous soyons sur la voie. Pour le
moment, nous n'avons de donné que la forme sympto-
matique de la névrose, qui, dans le cas de l'hystérie, par
exemple, est constituée par des troubles physiologiques et
psychiques. Or les expériences de Charcot, comme les
observations cliniques de Breuer, montrent que même
les symptômes physiologiques de l'hystérie sont « psycho-
gènes >>
»; c'est-à-dire qu'ils sont des précipités de processus
psychiques écoulés. On se trouverait donc, grâce à l'hyp-
nose, en mesure de reproduire artificiellement, et en
quelque sorte arbitrairement, les symptômes somatiques
de l'hystérie.
La psychanalyse s'empara de cette nouvelle donnée et
s'appliqua à découvrir la nature de ces processus psychi-
ques aux conséquences si étonnantes. Mais le sens de
ces recherches n'était pas au goût des médecins de
cette génération, formés à n'attacher d'importance qu'à
S.
212
LA REVUE JUIVE
l'ordre anatomique, physique ou chimique. Et c'est parce
qu'ils n'étaient pas préparés à reconnaître l'ordre psychi-
que qu'ils l'accueillirent avec indifférence ou hostilité. Ils
doutaient évidemment que le fait psychique soit suscep-
tible d'un traitement scientifique exact. Réagissant trop
violemment contre une médecine dominée pour un temps
par ce que l'on appelait Naturphilosophie, ils taxèrent de
nébuleuses, fantasques et mystiques les abstractions
nécessaires au fonctionnement de la psychologie; ils
refusèrent, en outre, d'ajouter foi aux phénomènes
étranges dont auraient pu partir les recherches scienti-
fiques. Pour eux, les symptômes des névroses hystériques
n'étaient que feintes, les phénomènes hypnotiques, char-
latanisme. Les psychiâtres eux-mêmes dont l'observation
s'enrichissait pourtant de phénomènes psychiques les
plus extraordinaires et les plus étonnants, ne furent pas
tentés de les analyser en détail ou d'en examiner les
rapports. Ils se contentèrent de classer la diversité kaléi-
doscopique des phénomènes pathologiques en s'efforçant
toujours de les ramener à des causes de troubles d'ordre
somatique, anatomique ou chimique. Au cours de cette
période de matérialisme, ou mieux de mécanisme, la
médecine a accompli des progrès fabuleux, mais elle
n'a pas laissé de témoigner de son étroitesse, en mécon-
naissant le plus important et le plus difficile des problèmes
de la vie.
On comprend bien que cette conception de la vie
mentale ait empêché les médecins de s'intéresser à la
psychanalyse, de profiter de l'acquisition de ses nouvelles
connaissances, et d'envisager les choses sous un autre
angle. Mais on pouvait croire que cette nouvelle doctrine
se gagnerait d'autant mieux l'approbation des philosophes.
N'étaient-ils pas rompus à poser des concepts abstraits
les malintentionnés diraient des mots mal définis
au premier plan de leur conception du monde ? Ils ne
pouvaient donc pas s'offusquer de cet effort de la psycha-
S.
RÉSISTANCES A LA PSYCHANALYSE
213
nalyse qui visait à étendre le domaine de la psychologie.
Mais là s'éleva un obstacle d'un autre ordre. Par vie
mentale, les philosophes n'entendaient pas ce qu'entend
la psychanalyse. La grande majorité des philosophes ne
qualifie de mental que ce qui est phénomène conscient.
Le monde du conscient coïncide, pour eux, avec le
domaine du mental. Et ils relèguent tout ce qu'il y a
d'obscur dans l'âme au rang des conditions organiques
et des processus parallèles au plan psychique. En d'autres
termes, et plus rigoureusement, l'âme n'a de contenu
que le conscient. La science de l'âme n'a donc pas
d'autre objet. Le profane ne pense pas autrement.
Aussi, que peut répondre le philosophe à une science
qui, comme la psychanalyse, soutient que le mental en
soi est inconscient et que la conscience n'est qu'une qua-
lité qui peut venir s'ajouter à des actes psychiques isolés.
Il répond naturellement qu'un phénomène mental incons-
cient est un non sens, une contradiction in adjecto, et
néglige de noter que ce jugement ne fait que répéter sa
définition, peut-être trop étroite, de l'état mental. Cet
assurance facile, le philosophe la doit à son ignorance
de la matière dont l'étude a conduit l'analyste à postuler
l'existence d'actes psychiques inconscients. Il n'a pas
envisagé l'hypnose, il ne s'est pas efforcé d'interpréter le
rêve bien plus, il trouve, comme le médecin, que
le rêve est un produit, dénué de sens, de l'activité
psychique amoindrie pendant le sommeil -; il soupçonne
à peine qu'il existe des choses comme les idées fixes
et chimériques, et serait bien embarrassé si l'on attendait
de lui qu'il les expliquât selon ses hypothèses psycholo-
giques. L'analyste, lui aussi, se refuse à définir l'incons-
cient, mais il peut mettre en évidence le groupe de
phénomènes dont l'observation lui a fait postuler l'exis-
tence de cet inconscient. Le philosophe, pour qui
n'existe de méthode d'observation que l'introspection,
ne saurait le suivre jusque-là. D'où, la fausse position de
S.
214
LA REVUE JUIVE
la psychanalyse, à mi-chemin entre la médecine et la
philosophie. Le médecin la tient pour un système spécu-
latif et se refuse à croire qu'elle repose, comme toutes les
sciences naturelles, sur l'élaboration patiente et assidue
des données de l'observation sensible; le philosophe, qui
l'apprécie selon la norme des systèmes ingénieux qu'il
s'est construits lui-même, lui reproche de partir de pos-
tulats impossibles; et à ses conceptions premières
commencent à peine à se développer
clarté et de précision.
qui
de manquer de
Tout cela suffit à expliquer que, dans les cercles scien-
tifiques, on accueille la psychanalyse avec malveillance
ou avec des hésitations. Mais cela ne nous fait pas
comprendre les éclats d'indignation, de raillerie et de
mépris, l'oubli de toutes les règles de la logique et du
goût dans la polémique. Pareille réaction nous fait
supposer que la psychanalyse n'a pas mis en jeu que
des résistances intellectuelles, mais aussi des forces affec-
tives. Et à vrai dire, le contenu de cette science justifie
semblable effet sur les passions de tous les êtres humains,
et non seulement des savants.
Et avant tout, la grande importance, dans la vie men-
tale de l'homme, qu'attribue la psychanalyse à ce qu'on
appelle l'instinct sexuel. Selon la théorie psychanalytique,
les symptômes des névroses sont des satisfactions compen-
satrices déformées de forces instinctives sexuelles dont la
libération directe a été empêchée par des résistances
intérieures. Et quand l'analyse, dépassant ses limites
initiales, fut à même de s'appliquer à la vie psychique
normale, elle entreprit de démontrer que ces éléments
sexuels, quand ils sont détournés de leurs fins immédiates
et dirigés vers d'autres buts, jouent un rôle capital dans
la genèse de l'action individuelle et collective. Ces asser-
tions n'étaient pas entièrement neuves. Schopenhauer
avait insisté, en des termes d'une vigueur inoubliable,
sur l'importance incomparable de la vie sexuelle. Et il
S.
215
RÉSISTANCES A LA PSYCHANALYSE
apparaissait ainsi que ce que la psychanalyse appelle
sexualité n'est aucunement identique à l'impulsion qui
rapproche les sexes et tend à produire la volupté dans les
parties génitales, mais plutôt à ce qu'exprime le terme
général et compréhensif d'Eros, dans le Banquet de Pla-
ton. Mais l'opposition négligea ces illustres précurseurs et
s'attaqua à la psychanalyse comme si elle avait attenté à
à la dignité humaine. On lui reprocha son « pansexua-
lisme »>, bien que
l'étude psychanalytique des instincts
eût toujours été rigoureusement dualiste et n'eût jamais
manqué de reconnaître, à côté des appétits sexuels,
d'autres mobiles assez puissants pour opérer le refoule-
ment de l'instinct sexuel. Ce dualisme de l'« instinct du
sexe » et de l'« instinct du moi » devint, quand la théorie
eût évolué, le dualisme de l' « Eros » et de l' << instinct de
mort», ou « de destruction ». Dans cette interprétation
partielle de l'Art, de la religion et de l'ordre social en
fonction des activités de l'instinct sexuel, on ne se plut à
voir qu'une volonté de rabaisser les plus hautes acquisi-
tions de la civilisation et on proclama emphatiquement
que l'homme n'a pas que des mobiles purement sexuels.
En quoi on s'empressait de méconnaître qu'il en est de
même des animaux (qui ne sont soumis à la sexualité
que par accès, à certaines époques, et non de façon per-
manente comme l'homme), que l'on n'avait jamais songé
à contester l'existence de ces autres mobiles humains et
que, s'ils proviennent d'impulsions animales élémen-
taires, la preuve de cette origine ne change en rien la
valeur des acquisitions humaines.
Parei esprit d'illogisme et d'injustice demande une
explication. Son origine n'est pas douteuse. Les deux bases
de la culture humaine sont la maîtrise des forces natu-
relles et la répression de nos instincts. Le trône de la sou-
veraine est supporté par des esclaves enchaînés : parmi ces
éléments instinctifs domestiqués, les impulsions sexuelles,
au sens étroit, dominent par force et par violence. Qu'on
S.
216
LA REVUE JUIVE
leur ôte leurs chaînes, et le trône est renversé, la souveraine
foulée aux pieds. La société le sait et ne veut pas qu'on
en parle.
Mais pourquoi ce silence? En quoi la discussion pour-
rait-elle nuire ? La psychanalyse n'a jamais parlé de
déchaîner ceux de nos instincts qui seraient néfastes à la
communauté; au contraire, elle a donné l'alarme et offert
ses conseils. Mais la société ne veut pas entendre parler
de la découverte de ces rapports, parce qu'à beaucoup
d'égards elle n'a pas la conscience tranquille.
Elle a commencé par se poser un idéal de haute mora-
lité, la moralité étant la répression des instincts, et a
exigé de tous ses membres qu'ils réalisent cet idéal,
sans s'inquiéter de ce que cette obéissance peut coûter
aux individus. Mais elle n'est ni assez riche, ni assez bien
organisée pour pouvoir leur offrir un dédommagement
proportionné à leur renonciation. L'individu est donc
poussé à trouver un moyen de se procurer une compen-
sation suffisante et qui lui permette de conserver son
équilibre psychique. Mais en général, il est contraint à
vivre psychologiquement au delà de ses moyens, tandis
que ses besoins instinctifs, non satisfaits, subissent la
pression constante des exigences de la civilisation. C'est
ainsi que la civilisation entretient un état d'hypocrisie
qui s'accompagne forcément d'un sentiment d'incerti-
tude et du besoin de protéger son indéniable instabi-
lité par l'interdiction de toute critique et de toute discus-
sion. Et cela est vrai de tous les mouvements instinctifs,
c'est-à-dire également des instincts égoïstes. Pour ce
qui est de savoir s'il en est de même
et dans quelle
mesure dans toutes les civilisations possibles, et jus-
qu'à celles qui ne se sont pas encore développées, nous
ne pouvons nous en occuper ici. Quant aux impul-
sions sexuelles proprement dites, elles sont chez la plu-
part des hommes incomplètement et, psychologique-
ment parlant, incorrectement réprimées, de telle sorte
S.
217
RÉSISTANCES A LA PSYCHANALYSE
qu'elles sont toutes prêtes à se déchaîner les premières.
La psychanalyse révèle les faiblesses de ce système et
en recommande l'abandon. Elle tient qu'il faut ôter de
sa rigueur au refoulement de l'instinct et donner, pour
cela, plus de place à la véracité. Certaines impulsions
instinctives que la société a trop violemment réprimées
doivent obtenir une plus grande satisfaction; pour
d'autres, la répression par «refoulement », méthode
hasardeuse, doit être remplacée par un procédé meilleur
et plus précis. Pour avoir formulé ces critiques, la
psychanalyse, « ennemie de la civilisation », a été bannie
comme danger public. Mais cette résistance ne peut
durer; à la longue, aucune institution humaine ne peut
se soustraire à l'influence d'un examen critique justifié ;
mais jusqu'à présent, l'attitude des savants à l'égard de
la psychanalyse est encore dominée par une crainte qui
déchaîne les passions et abolit toute possibilité d'argu-
mentation logique.
Par sa doctrine de l'instinct, la psychanalyse a heurté
l'individu en tant qu'il se sent membre de la commu-
nauté sociale. Un autre aspect de cette théorie a pu le
blesser. La psychanalyse a enterré la fiction de l'enfance
asexuelle. Elle a prouvé que les mobiles et les manifes-
tations sexuels existent chez les enfants dès le début de
la vie; elle a montré les changements qu'ils subissent,
comment ils sont enrayés vers la cinquième année, et
comment, à partir de la puberté, ils entrent au service
des fonctions de reproduction. Elle a reconnu que
l'apogée de la vie sexuelle infantile élémentaire est ce
qu'elle a appelé le Complexe d'Oedipe, rapport affectif avec
le parent de sexe opposé et rivalité contre l'autre ; ten-
dance qui, à ce moment de l'existence, s'exprime directe-
ment et sans entraves par un désir sexuel. Ceci est si facile
à établir qu'il a vraiment fallu un grand effort pour ne
le point reconnaître. En fait, tout individu a connu
cette phase, mais l'a activement refoulée. L'horreur de
15
S.
218
LA REVUE JUIVE
l'inceste et un sentiment puissant du péché survivent à
cette période primaire. Peut-être en a-t-il été de même
dans le passé de l'espèce humaine, et les débuts de la
moralité, de la religion et de l'ordre social sont-ils inti-
mement liés à la défaite de cette phase primitive. Il
n'aurait pas fallu rappeler à l'adulte ces antécédents qui,
par la suite, lui apparaissent honteux. Il s'est mis à
trépigner de rage, si j'ose dire, lorsque l'analyse a voulu
lever le voile d'amnésie de ses années d'enfance. Il ne
restait plus qu'une échappatoire les prétentions de la
psychanalyse devaient être injustifiées, et ce qui se donnait
pour une science nouvelle, un tissu de fantasmagories et
de fausses interprétations.
:
Les fortes résistances à la psychanalyse n'étaient donc
pas de nature intellectuelle, mais d'origine affective.
Cela explique leur caractère passionné et l'insuffisance
de leur logique. Le cas se présente ainsi : En collectivité,
l'homme se comporte, à l'égard de la psychanalyse, exac-
tement comme le névrosé en traitement, auquel, par
suite d'un travail patient, on a pu démontrer que tout
s'est passé ainsi qu'on le prévoyait. Mais cette précision
est le résultat de recherches entreprises sur d'autres
névrosés, au cours de quelques décades de labeur. Cet
état de choses est à la fois effrayant et rassurant. C'est une
lourde tâche que d'avoir pour patient le genre humain
tout entier. Mais en fin de compte, tout s'est déroulé
selon les prévisions de la psychanalyse.
A récapituler notre liste des résistances à la psychana-
lyse, on doit avouer qu'il en est bien peu qui correspon-
dent à celles que rencontrent d'ordinaire la plupart des
innovations scientifiques de quelque importance; elles
tiennent, pour la plupart, au contenu de la doctrine, qui
heurte des sentiments humains puissants. Il en a été de
même pour la théorie darwinienne de la descendance,
qui a abattu le mur d'orgueil séparant l'homme de l'ani-
mal. J'ai déjà esquissé cette analogie dans une brève
S.
15 mars 1925
1 année n° 2
LA
REVUE JUIVE
DIRECTEUR ALBERT COHEN
SOUS LE DÔME
PRO PSALMIS
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LOUIS MASSIGNON
ANDRE SPIRE
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HENRI FRANCK
LETTRES
RÉSISTANCES A LA PSYCHANALYSE
SIGMUND FREUD
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la vie économique, par Werner Sombart.
Documents. 1. Informations. - II. Le mouvement sioniste.
-
III. Les livres. - IV. Les retues.-F. La presse.
Librairie Gallimard
ÉDITIONS DE LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
3, rue de Grenelle, Paris (VI)
Le Numéro: France: 5 fr. Étranger: 5 fr. 75
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