Les diplégies cérébrales infantiles 1893-002/1893
  • S.

    1e Année.                                                      30 avril 1893.                                                      N° 8.


    SOMMAIRE DU N° 8

    Page

    I. — TRAVAUX ORIGINAUX. — Les diplégies cérébrales infantiles, par S. FREUD

    (de Vienne)........................................................ 177

    II. — ANALYSES.Anatomie et physiologie : 199) MOUCHET. Rapports

    du nseau pyramidal avec le nerf sciatique (fig. 1, 200) MOUCHET. Herpès

    zoster et les trous osseux des vertèbres. 201) MUTEL. Sur un cas de l'ablation

    d'un hémisphère cérébral chez le chien. 202) BRANDENBERG. Action des courants

    électriques sur la conde humain. — Anatomie pathologique : 203) AUGUEREAU

    cas de maladie de Friedreich avec autopsie. 204) LLOYD. Syringomyélie avec pré-

    sentation de coupes de la moelle épinière (fig. 2, 205) WINKOW. Altérations des

    muscles et tendons dans la fièvre. — Nervopathologie : 206) JOYCE et BEADLES.

    Pathologie du corps pituitaire. 207) WETZ. Cas d'æroacromélie. 208) LAPLACE.

    Blessure du cerveau par arme à feu ayant déterminé une aphasie. 209) DUBREUIL.

    Invasion de la 4e chambre véricale. — Nerveux cutané : 210) FERENCZY. In-

    jections de phosphate de soude dans les maladies nerveuses. 211) ADAMKIEWICZ.

    Traitement des plais du cerveau. 212) VERNICKE. Trépanation et épilepsie

    jacksonnienne. 213) MONCOR. Hémiplégie et pied bot avec état d'inversion de

    l'astragale. 214) MONOD. Traitement du spina-bifida par l'excision. 215) FÉRÉ et

    SEVESTRE. Élongation des nerfs dans l'hémiplégie spasmodique infantile.

    216) LABORDE et DELLA CESA alcoolique et thérapeutique................... 181

    III. — SOCIÉTÉS SAVANTES. — 217) FÉRÉ. Influence des agents physiques et

    chocs moraux sur les intoxications. 218) COURMONT et DOYON. La substance

    toxique qui engendre le tétanos. 219) MALHERBE et SEIGNEUX. Lésion trauma-

    tique du trijumeau et du facial. 220) GUMPRECHT. Lésions trophiques de la

    main et de l'avant-bras, consécutives à un traumatisme. 221) Roux. Nouvelle

    méthode pour colorer la moelle et les nerfs. 222) PARTS. Paralysie du

    nerf sciatique poplité externe. — Septième congrès de chirurgie : 223) VILLAR. Tré-

    panation de la colonne vertébrale. 224) FÉRÉ. Résection du nerf maxillaire

    supérieur et du ganglion de Meckel. 225) FRANCKEN. Pied valgus paralytique.

    226) WARNOTS. Chirurgie du cerveau. 227) MALHERBE. Épilepsie jacksonnienne,

    trépanation, guérison. 228) DOYEN. Traitement des hémiplégies rebelles.

    229) ALMEY. Trépanation dans un cas d'hydrocéphalie. 230) SEIGNEUX. Plaie

    du cervelet. 231) CLADO. Topographie crânio-cérébrale. 232) GILLES DE LA

    TOURETTE. Les tumeurs hystériques de la mamelle ........................

    IV. — INDEX BIBLIOGRAPHIQUE.......................................... 189


    TRAVAUX ORIGINAUX


    LES DIPLÉGIES CÉRÉBRALES INFANTILES 

    Par Le Dr Sigmund Freud, de Vienne (Autriche).

    Dans un travail portant le titre ci-dessus et actuellement sous

    presse (1) je propose de réunir sous le nom de diplégies cérébrales,

    quatre types d'affections cérébrales de l'enfance, qui sont généralement

    considérés par les auteurs comme des maladies différentes; ce sont :

    1° La rigidité généralisée d'origine cérébrale (Little Disease

    Allgemeine cerebrale Starre);

    2° La rigidité paraplégique (tabes dorsal spasmodique des enfants);

    (1) Beiträge zur Kinderheilkunde, herausgegeben von Kassowitz N. F., III, Wien ; Franck ;

    Deutsche 1893.

    SERVICE ARCH. NEUROLOG.                                                                                        12

  • S.

    178

    REVUE NEUROLOGIQUE


    3° L'hémiplégie spasmodique double; 
    4° La chorée congénitale généralisée et l'athétose double.

    Le point important de cette conception est la réunion de la rigidité 
    généralisée et paraplégique et de certains cas de chorées à l'hémiplégie 
    spasmodique de l'enfance connue depuis Cazauvielh (1827) et v. Heine 
    (1840). Cette classification peut paraître une innovation : il n'en est 
    cependant rien. Je ne fais que remettre en lumière l'ancienne concep- 
    tion de Little, relativement à ces différentes formes de paralysies. Le 
    lecteur s'en convaincra en parcourant son mémoire de 1862 : On the 
    influence of abnormal parturition, difficult labours, premature 
    births and asphyxia neonatorum, on the mental and physical 
    conditions of the child. (Transaction of the London obstetrical 
    Society, vol. II, 1862). 

    Avant de donner les raisons qui me font reprendre la classification 
    de Little, je voudrais dire quelques mots sur la place qu'occupent jus- 
    qu'à présent ces quatre types de maladies dans la bibliographie. 

    La rigidité généralisée d'origine cérébrale présente deux caractères 
    fondamentaux : 

    Premièrement, les extrémités inférieures sont plus fortement atteintes, 
    et ceci d'une manière constante, que les extrémités supérieures ; 
    deuxièmement, les phénomènes de contracture prédominent sur ceux de 
    la paralysie. En outre elle se distingue par un ralentissement et une 
    diminution de l'influx cérébral (_Impairment of volition_ : Little) sur les 
    actions coordonnées de la station debout, de la marche, du langage 
    articulé, ainsi que par un degré variable d'affaiblissement de l'intel- 
    ligence. Le strabisme est un symptôme fréquent dans cette maladie; 
    on observe aussi mais rarement le nystagmus, la bradyllalie, les trem- 
    blements. L'atrophie fait toujours défaut. Les convulsions sont assez 
    fréquentes dans les premiers jours après la naissance; mais elles ne 
    montrent pas une tendance à se répéter, et l'épilepsie ne se développe 
    presque jamais. C'est une affection qui reste stationnaire avec ten- 
    dance à l'amélioration.

    Malgré les différences d'avec l'hémiplégie double, la rigidité géné- 
    ralisée n'est pas séparée de la première par les auteurs anglais et 
    américains qui ne le mentionnent pas même comme une forme spé- 
    ciale. Les auteurs français et allemands par contre, notamment les 
    travaux récents sur les contractures congénitales des membres (Feer 
    _Ueber angeborene spastische Gliederstarre_, Bâle 1890 et Dejerine
    _Maladies de Little, Revue mensuelle des maladies de l'enfance_, 
    avril 1892), se basant sur les caractères que je viens de mentionner 
    distinguent très nettement la rigidité généralisée de l'hémiplégie 
    double, mais n'admettent généralement aucune parenté entre ces deux

  • S.

    LES DIPLÉGIES CÉRÉBRALES INFANTILES

    179


    maladies. La rigidité paraplégique ne se distingue de la rigidité géné- 
    ralisée que par l'affection exclusive des extrémités inférieures et par un 
    caractère plus bénin. Le strabisme est ici un symptôme particulière- 
    ment fréquent. La rigidité paraplégique a été décrite par Erb comme 
    tabes spasmodique et prise par lui, pour une affection de la moelle. 
    Plus tard on a décrit deux formes de paralysie spinale spasmodique 
    dont l'âne étant compliquée de faiblesse intellectuelle et de strabisme 
    devrait avoir une localisation cérébro-spinale. Depuis Ross (1885), on 
    commence à attribuer la soi-disant paralysie spinale spasmodique, de 
    nouveau une origine cérébrale et à la rattacher à la rigidité générali- 
    sée. Enfin beaucoup d'auteurs depuis Little ont été forcés de recon- 
    naître, entre autres Gowers et Massalongo, que plusieurs des cas décrits 
    comme chorée et athétose double s'identifient dans leurs caractères 
    les plus saillants avec la rigidité généralisée (comparer Audry : l'Athé- 
    tose double et les chorées chroniques de l'enfance. Lyon 1892.) 

    Ma manière de voir en ce qui concerne les affections dont nous par- 
    lons, repose sur les réflexions et observations suivantes. 

    La rigidité généralisée et la paraplégie spasmodique sont des types 
    de maladies apparentées, unis par des nombreuses formes de transition. 
    Little n'ignorait pas que chez des enfants on voit guérir, dans le 
    type des contractures généralisées, au bout d'un certain nombre d'an- 
    nées, l'affection des extrémités supérieures, de sorte qu'il ne reste 
    plus que l'image de la rigidité paraplégique.

    En outre, dans certains cas, à côté de la rigidité complète et carac- 
    téristique des extrémités inférieures, il y a néanmoins des traces de 
    l'affection aux extrémités supérieures, telles que de faibles contrac- 
    tures, des mouvements involontaires peu marqués, et une légère mala- 
    dresse lorsque les malades se servent de leurs mains.

    Les symptômes concomitants, tels que le strabisme, les troubles 
    dela parole, la faiblesse intellectuelle sont presque les mêmes dans les 
    deux types. Dans l'étiologie de ces deux affections les mêmes causes, 
    celles sur lesquelles Little a insisté, jouent le rôle principal. Parmi 
    elles, la naissance avant terme se montre plus fréquemment associée à 
    la production de la rigidité paraplégique, pendant que les accouche- 
    ments difficiles entrent dans une relation étiologique plus étroite avec 
    la rigidité généralisée; mais les rapports entre la cause et l'effet n'y 
    sont pas exclusifs ni d'un côté ni de l'autre.

    La rigidité généralisée est reliée de même par de nombreuses for- 
    mes de transition à l'hémiplégie double. Nous avons déjà désigné les 
    différences qui séparent les cas complets et typiques de ces deux affec- 
    tions; mais, il ne faut pas oublier que, dans les cas de rigidité généra- 
    lisée ou paraplégique, il peut survenir n'importe quel degré de

  • S.

    180

    REVUE NEUROLOGIQUE


    paralysie, au point que la distinction devient une affaire très délicate. 
    On peut même dire que les cas compliqués, où il y a à côté de la 
    rigidité universelle une parésie faciale, une hémiplégie atténuée, un 
    degré très appréciable de parésie des jambes, se rencontrent beaucoup 
    plus fréquemment que les cas typiques qui montrent la dissociation 
    nette entre la paralysie et la rigidité, sur laquelle la distinction des 
    deux types est fondée. Little connaissait déjà ces formes de transition 
    et les avait dénommées : _spasmo-paralysis_. 

    Il y a aussi des cas de diplégie, qui se comportent vis-à-vis de la 
    rigidité paraplégique comme l'hémiplégie double se comporte vis-à-vis 
    de la rigidité généralisée. J'appelle ces cas, **paralysies paraplégiques**. 
    (_Paraplegische Lähmung_). 

    On peut indiquer les conditions anatomiques nécessaires pour 
    qu'une diplégie cérébrale se montre sous la forme de la rigidité géné- 
    ralisée ou de l'hémiplégie double.

    Pour la production de la dernière, il faut des lésions bilatérales 
    intra-cérébrales ou profondes; pour la rigidité généralisée, des lésions 
    superficielles suffisent, pourvu qu'elles soient localisées près de la 
    fissure médiane des hémisphères.

    Or, les hémorragies méningées survenant au cours des accouche- 
    ments difficiles (ou même trop rapides) remplissent à merveille ce but. 

    Dans ces cas l'hémorragie provient des troncs des vaisseaux de la 
    pie-mère au point où ils s'enfoncent dans le sinus longitudinal. 
    Comme les centres corticaux des extrémités inférieures limitent la 
    fissure médiane, ces membres souffriront toujours en premier lieu de 
    cette hémorragie; plus l'hémorragie s'étend vers la fosse sylvienne 
    plus les bras seront atteints en leur tour. En outre, les symptômes de 
    paralysie surajoutés à la rigidité seront d'autant plus marqués que 
    l'hémorragie sera assez forte pour endommager les couches plus 
    profondes de l'écorce, auquel cas elle équivaudra à une lésion intra- 
    cérébrale (Gowers, _Birth-Palsies, Lancet_, 1888). 

    Ce mécanisme de la production de la rigidité généralisée avec ou 
    sans paralysie est prouvé par les autopsies de Mac Nutt et de Raillon

    La chorée congénitale et l'athétose double peuvent être rangées 
    parmi les diplégies cérébrales en raison des considérations suivantes : 
    Il est bien connu que dans l'hémiplégie spasmodique de l'enfance la 
    première période, période de paralysie, est souvent suivie par une autre 
    dans laquelle on voit se produire un amendement des symptômes 
    paralytiques, des troubles moteurs ayant le caractère de la chorée ou 
    de l'athétose (chorée posthémiplégique). 

    Dans un mémoire paru en 1891 (_Klinische Studie über die halbsei-_ 
    _tige Cerebrallähmung der Kinder_), fait en commun avec le D$\rho$ O. Rie,

  • S.

    LES DIPLÉGIES CÉRÉBRALES INFANTILES

    181


    j'ai prouvé qu'il y a des cas qui appartiennent sans doute au même 
    type, mais qui entrent d'emblée dans la deuxième période, période de 
    chorée, laquelle conserve alors le nom de **chorée hâtive**. À ce com- 
    plexe symptomatique qui consiste en une chorée ou athétose hâtive 
    avec parésie, nous avons donné le nom hémiparésie chorétique (_Chorea- 
    tische Parèse_). Il s'identifie avec l'hémiathétose primitive d'Oulmont
    et Charcot en a reconnu l'existence dans une de ses _leçons dans les_ 
    _termes suivants_ : Il peut arriver en pareil cas, très exceptionnellement 
    il est vrai, que l'hémiplégie fasse place pour ainsi dire de l'origine 
    à une hémichorée.

    Si dans les paralysies hémiplégiques la paralysie peut être primitive- 
    ment remplacée par une hémichorée ou hémiathétose, il est permis de 
    penser que le même phénomène se produira aussi dans les cas d'hémi- 
    plégie double. De cette manière on peut donner deux explications de 
    la chorée et de l'athétose double congénitale ou de la première enfance, 
    explications qui peuvent être soutenues chacune par des exemples à 
    l'appui. La première, ne fait de cette chorée ou athétose double, qu'une 
    chorée ou athétose tardive (posthémiplégique) qui aurait été précédée 
    d'un état hémiplégique. D'après l'autre explication, ce serait une cho- 
    rée hâtive, remplaçant l'hémiplégie double qui n'a pas été développée. 

    Si ma manière d'envisager ces formes cliniques avait besoin de con- 
    firmation, elle en trouverait dans les observations qui montrent la fré- 
    quence de la chorée et de l'athétose chez les enfants atteints de rigidité 
    généralisée et paraplégique aussi bien que d'hémiplégie double. À 
    part ces cas il y en a d'autres qui montrent bien la combinaison de rigi- 
    dité et de chorée mais avec une localisation différente. On voit, par 
    exemple l'athétose double aux bras et à la face, pendant que les jambes 
    montrent tous les caractères typiques de la rigidité paraplégique. Le 
    cas inverse n'est pas rare non plus. 

    Je me vois donc autorisé à faire de la rigidité généralisée, de la 
    rigidité paraplégique, de l'hémiplégie et de l'athétose double 
    quatre types qui se tiennent cliniquement de près, et qui sont réunis 
    les uns aux autres par de nombreuses formes de transition et par 
    des cas mixtes, types auxquels on pourrait donner le nom commun de 
    diplégies cérébrales. Il ne me est pas permis de passer sous silence 
    qu'une conception très voisine de la mienne est émise par P. Marie dans 
    ses _Leçons sur les maladies de la moelle_. P. Marie admet la réunion de 
    la rigidité généralisée et paraplégique et trouve aussi que certaines 
    formes d'hémiplégie bilatérale de l'enfance ont une parenté étroite 
    avec ces types cliniques. Il leur laisse cependant le nom de tabes 
    spasmodiques par égard historique, mais je crois que c'est peu juste 
    et que cela peut conduire à des erreurs.

  • S.

    182

    REVUE NEUROLOGIQUE


    J'aurai encore à ajouter quelques mots quant à l'étiologie de ces 
    4 types de diplégies cérébrales. Chacun a pour ainsi dire son étio- 
    logie préférée. Dans la rigidité généralisée, c'est l'accouchement 
    atypique et difficile, dans le cas de rigidité paraplégique c'est la 
    naissance avant terme, dans l'hémiplégie double ce sont des arrêts de 
    développements congénitaux et des maladies précoces (peut-être infec- 
    tieuses). Dans l'étiologie de l'athétose double la peur et l'état mental 
    de la mère jouent un rôle prépondérant et indubitable.

    Cependant le rapport entre l'étiologie et la forme de la maladie n'est 
    exclusif dans aucun cas. L'accouchement difficile et atypique joue un 
    rôle étiologique dans les quatre types, la naissance avant terme, 
    par contre, seulement dans la rigidité généralisée et paraplégique, 
    et ne parait être d'aucune importance pour les deux autres types de 
    maladie. D'un autre côté nous voyons survenir la rigidité généralisée 
    ou paraplégique non seulement à la suite d'accouchements anormaux 
    mais comme l'hémiplégie cérébrale à la suite de maladies infec- 
    tueuses dans les deux ou trois premières années de la vie. 

    On peut ranger dans trois catégories les circonstances étiologiques 
    importantes pour les diplégies cérébrales : 1) **Causes provenant de la** 
    **mère** (cachexies, traumatismes, maladies, altérations dans le domaine 
    psychique) et **causes congénitales d'ordre généralement inconnu**. 
    2) **Causes se produisant au moment de la naissance** (**étiologie de** 
    **Little**), et 3) **Causes survenant après la naissance** (traumatismes, 
    maladies). On pourrait essayer de diviser les diplégies en **diplégies** 
    **congénitales et diplégies acquises** suivant ces catégories.

    Mais une telle classification me paraît bien peu commode.

    En premier lieu, il faut se souvenir qu'on ne trouve pas une relation 
    constante et étroite entre l'étiologie et le type clinique, puisque chacun 
    des 4 types renferme des cas d'étiologie différente. En outre, il faut 
    bien noter qu'il est souvent très difficile de déterminer si un cas est 
    congénital ou acquis. L'apparition des symptômes dans la première et 
    même dans la seconde année n'est pas une preuve suffisante que ce 
    soit une maladie acquise. Ce fait peut bien se concilier avec une étio- 
    logie congénitale.

    À mon avis, ce serait aller trop loin que de séparer d'une façon 
    absolue sous le nom de « **maladie de Little** » les cas de diplégie se 
    rapportant aux causes de la deuxième catégorie, c'est-à-dire à la 
    naissance avant terme, aux accouchements difficiles. Sans doute les 
    conditions étiologiques relevées par Little, ont une importance réelle 
    pour la production des diplégies, mais elles ne l'ont pas dans tous les 
    cas où elles se trouvent notées. Il y a en fait toute une série de diplégies, 
    dans lesquelles la naissance avant terme, et l'accouchement anormal

  • S.

    LES DIPLÉGIES CÉRÉBRALES INFANTILES

    183


    ne sont pas la cause de la paralysie, mais la première manifestation 
    de l'influence cachectique ou autre, souvent inconnue, congénitale, qui 
    avait dérangé le développement cérébral du fœtus. Je doute même, 
    si l'étiologie invoquée par Little peut à elle seule expliquer la pro- 
    duction d'une idiotie un peu plus grave. Aussi, il ne faut pas oublier 
    que la plupart des enfants nés avant terme ou avec une asphyxie 
    résultant d'un accouchement difficile ne souffrent pas de ces accidents 
    (_recover unharmed from that condition, disait Little_). 

    Ainsi, il doit y avoir à côté du facteur accidentel du traumatisme 
    un autre facteur prédisposant qui concoure à la production de la diplégie 
    et on peut penser que cette disposition, si elle est assez accentuée 
    peut suffire à amener la diplégie par elle-même ou à l'occasion de la 
    compression qui subit le crâne dans l'accouchement normal. 

    La nature de cette prédisposition n'est pas inconnue dans tous les 
    cas. Chez les enfants syphilitiques héréditaires, elle consiste dans le 
    fait de la fragilité des vaisseaux, et il ne serait pas illégitime de sup- 
    poser une propriété analogue chez des enfants mis au monde dans un 
    état de débilité générale ou atteints d'une cachexie quelconque. 

    Les conditions étiologiques de Little ne sont dans un nombre de cas 
    que des facteurs qui viennent renforcer l'action des moments étiologi- 
    ques congénitaux, et puisque leur rôle se montre d'un ordre si va- 
    riable, il serait mal à propos de baser sur eux une classification des 
    diplégies. 

    Je veux relever encore un fait certain et d'un grand intérêt, quoique 
    inexplicable jusqu'à présent : c'est que l'épilepsie ne s'observe que 
    très rarement dans les cas de diplégie qui constituent la **maladie de** 
    **Little**. De même elle n'est pas fréquente dans l'athétose, pendant qu'on 
    voit survenir les convulsions répétées et l'épilepsie dans les autres 
    catégories de diplégies presque aussi fréquemment que dans l'hémi- 
    plégie spasmodique infantile. Il n'y a pas de différence à cet égard 
    entre les cas congénitaux et les cas acquis : seuls, les cas de l'étio- 
    logie de Little échappent à cette conséquence funeste de l'altération 
    organique de l'écorce. Les théories de l'épilepsie devraient rendre 
    compte de ce fait bizarre. 

    Les lésions et les processus pathologiques qui se trahissent clini- 
    quement par les diplégies cérébrales, sont les mêmes que dans le cas 
    des hémiplégies spasmodiques; ils sont d'ordres divers et généralement 
    peu connus. 

    J'attirerai une autre fois l'attention sur les formes héréditaires et 
    familières des diplégies qui présentent des problèmes intéressants du 
    diagnostic différentiel.