S.
SOCIÉTÉ DES MÉDECINS DE VIENNE.
Séance du 27 mai 1887.
Vienne, 28 mai 1887.
Anesthésie par le protoxyde d'azote
M. Hillischer. — Je me sers pour anes
thésier mes clients d'un mélange de protoxyde
d'azote et d'oxygène. Les travaux de Paul
Bert et de Kloukowitsch montrent l'utilité de
ces mélanges. Les accidents consécutifs à l'a
nesthésie par le protoxyde pur tiennent pré
cisément à l'absence d'oxygène. Il survient
de la cyanose, une respiration stertoreuse, et
chez beaucoup de malades, il y a des phéno
mènes d'excitation cérébrale. Enfin, on ne peut
prolonger longtemps l'anesthésie. On arrive
déjà à la faire durer davantage en interrompant
de temps en temps les inhalations gazeuses
et en laissant respirer l'air pur. Mais, cette
méthode recommandée par Spencer Wells ne
vaut pas les inhalations de mélanges gazeux.
Avec celles-ci le sommeil est paisible, il n'y
a pas de cyanose, pas de phase d'excitation.
Les affections cardiaques ne constituent au
cune contre-indication. J'ai déjà employé ces
mélanges dans plus de 2,000 cas et je n'ai ob
servé que 6 cas dans lesquels je n'ai pu en
dormir le malade. J'ai obtenu une fois un
sommeil de 17 minutes et je ne doute pas
qu'on ne puisse en obtenir de plus long.
Un petit nombre de malades s'est plaint de
nausées de courte durée.
Je pense que cette méthode pourra rendre
des services aux chirurgiens et aux accou
cheurs.
Je me procure l'oxygène soit en le fabri
quant moi-même par la réaction du chlorate
de potasse et du bioxyde de manganèse, ou
en faisant venir de Londres de l'oxygène
comprimé. L'oxygène et le protoxyde d'azote
sont contenus dans des gazomètres. Les tubes
de sortie s'anastomosent. Suivant l'ouverture
des robinets, j'arrive à obtenir le mélange
que je désire.
La bouche d'inhalation est munie de sou
papes qui empêchent que l'air expiré ne re
vienne dans les réservoirs.
Dr F R E U D.
Séance du 27 mai 1887
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