S.
ÉTRANGER
SOCIÉTÉ DES MÉDECINS DE VIENNE.
Séance du 10 juin 1887.
Présidence de M. B R E I S K Y.
Extirpation du pylore.
M. Salzer. — La dame que vous voyez et
qui est âgée de 55 ans, souffrait depuis trois
ans des troubles dyspeptiques et de vomisse
ments qui survenaient trois heures après les
repas. À son entrée dans la clinique de Bill
roth, on constatait une dilatation extrême de
l'estomac qui descendait jusqu'au pubis et
une résistance qui fut considérée comme un
carcinome. L'état général était si misérable
que M. Billroth remit l'opération jusqu'au
moment où les forces seraient remontées
grâce à des lavements alimentaires. Il y eut
un amendement notable à la suite de lavages
quotidiens de l'estomac. Le 29 mars j'entre
pris l'opération en suivant la méthode de
Wölfler et Hacker. Je rencontrai deux complications. La première fut une adhérence in
time de l'humeur avec la tête du pancréas,
d'où j'eus à en séparer une grande partie au
microtome assez abordable. En second lieu
au moment de la suture, il se présenta une
hernie de l'anse grêle à la vésicule. L'analyse du
contenu fit un calcul du volume d'une noix.
Il ne me paraît pas indiqué de vous préoc
cuper de cette dernière. Les suites de l'opé
ration furent très simples.L'opérateur a eu recours à la partie supérieure
de la cicatrice une zone indurée qui est tout
simplement la vésicule. Il n'y a pas là la moin
dre récidive. La partie inférieure était un ré
trécissement cicatriciel consécutif à un ulcère
profond de l'estomac.
Extirpation d'un cancer du rectum.
M. Hohenegg. — La malade que je vous
présente est entrée dans la clinique de M. Al
bert se plaignant d'être épuisée par une diar
rhée très abondante. On constata l'existence
d'une carcinome dur à fibre qui ne dépas
sait pas le limite supérieure de
la tunique, et qui était si haut que la tête de
l'index, l'incision cutanée à été de la région sa
crée à la fente anale. On résèque le coccyx et
une partie des muscles de la paroi sacro-coccygienne
sacro-sciatique et sacro-iliaque. Par cette
voie, j'ai pu extirper la masse cancéreuse qui
avait une grosseur de 12 centimètres. Cette
méthode n'a qu'un seul inconvénient. Le ma
lade était dans la même situation pendant
l'opération. Il s'ensuit que l'anesthésie est
plus difficile.
Vingt-quatre calculs vésicaux chez
le même sujet.M. Dittel. — J'ai été consulté par un grand
bureaucrate des chemins de fer qui avait fait deux
reprises des hématuries. Il était atteint d'une
cystite très violente à ce point que j'eus de la
peine à me décider à l'opérer. Cependant j'u
tilise taille médiane et celle-ci me permit
d'extraire vingt-quatre calculs vésicaux. Les
calculs sont de nature phosphatique, on voit
sur eux des zones brunâtres. Les zones sont
consécutives au processus d'inflammation.
me l'a montré M. **Mautnner**. Le sujet va bien.
Synchisis étincelant.
M. Konigstein. — Les corps brillants
du synchisis étincelant sont généralement
considérés comme dus à des cristaux de les
térine ou de cholestérine. J'ai fait l'examen
histologique d'un œil présentant cette alté
ration et n'ai trouvé en aucun cas des dépôts
de cristaux. J'ai vu seulement de petites
granulations et des corps sphéroïdes dont je
n'ai pu déterminer la nature. Ces altérations
rappellent celles que M. **Panas** a observées
chez des animaux auxquels il donne de l'aphal
line, et comme elles peut-être sont constituées
par des phosphates et oxalates de chaux.
Enchondromes multiples.
M. Frey. — Le jeune malade que je vous
présente est atteint d'un grand nombre
d'enchondromes situés sur le pourtour
au voisinage des jointures (les deux poignets,
les épaules, les coudes, etc.). Leur distribu
tion est en rapport avec la doctrine deS.
virchow qui lui dérive ces enchondromes
de noyaux cartilagineux épars dans les os.
J'ai l'intention d'extirper un certain nombre
de ces tumeurs en employant les médica
ments de ce malade.
Vaccination antirabique
M. Kolisko lit la lettre de M. Pasteur
(voir le Bulletin médical du 12 juin).M. Grünfeld. — Au milieu des contro
verses soulevées par la question de la vacci
nation antirabique, je crois avoir des
données qui infirmeraient les conclusions qui se
dégagent de mes expériences encore non
connues jusqu'à ce jour.1° Les injections préventives ne causent
jamais la mort chez les animaux.2° Mes expériences sur des animaux m'ont
prouvé qu'on peut prévenir la rage en appli
quant la méthode de M. Pasteur.3° Des inoculations préventives sur les
hommes prouvent la justesse de la méthode.
M. von Frisch. — M. Pasteur se propose
de répondre successivement à quelques-unes
des assertions de M. Panum.
Il n'est pas, ce me semble, besoin de dé
clarer que l'École de Berlin ait changé d'avis.
L'état de la question sur la rage a été claire
ment publié depuis le mémoire de Koch,
Gaffky et Loeffler, dans lequel ces auteurs
avaient la question de la matinée, donnée
attendue qu'elle est relativement dangereu
se. Or, il est prouvé que ce danger n'exis
te pas absoudre. Si j'en crois les renseigne
ments privés, Koch n'est nullement converti.
Il y a de fortes objections contre la méthode
qu'en France. Dans le parlement anglais, il y
a quelques hommes qui demandent que le gouver
nement s'il comptait introduire cette méthode.
Lord Manners a répondu qu'à l'heure actuelle
les documents ne sont pas suffisamment
encourageants pour conseiller cette méthode.
M. Pasteur avait employé une moi
tié de la moelle pour l'iilbroh comme une in
jure grave, ce qui n'est pas le cas. Ce mot
n'est pas appliqué aux morceaux de moelle
aérienne que Pasteur a rejetées après les avoir
avancées.
Il ne discuterait pas la question de priorité
au sujet de l'inoculation sous la dure-mère.
L'école de M. Koch et de Frisch croit que Pasteur
n'avait pas encore publié cette partie de ses
expériences. M. Pasteur fait erreur en pré
tendant qu'il m'a ôté l'intention de prendre
le Trompe à ce sujet.
Je n'ai dit qu'il ne traite cette partie du
sujet parce que je parais y attacher une
importance toute particulière. Mais M. Pasteur
a étudié la transmission de la rage au sujet de
sa méthode si l'on arrivait à conférer l'immu
nité à des animaux auxquels on aurait
inoculé d'abord des morceaux de moelle à J. 3
jours. Comment a-t-il changé d'avis à ce
sujet ?
Il me reproche d'avoir employé après l'ino
culation sous la dure-mère l'ancienne méthode
tandis que j'aurais dû employer la nouvelle.
J'aurais employer que cette dernière tant
qu'elle n'était pas connue, que j'ai eu connais
sance de la méthode intensive. Je l'ai employée
et j'ai eu recours dans de nombreux expé
riences. Elle m'a donné des résultats moins
satisfaisants encore. Avec la méthode lente,
le guérison obtenue sur un seul rat et, avec la
méthode intensive, il y a deux guérisons sur
quatre chiens. Quelle était la proportion dessurvies, quand M. Pasteur obtenait un succès
partiel.Du reste, M. Pasteur lui même a renoncé à
la méthode intensive. Si je m'en rapporte aux
publications récentes, il a recours à l'ancienne
méthode, pour les morsures légères dans les
morsures du visage, dans les morsures pro
fondes, il emploie un traitement plus actif que
le précédent, mais moins énergique que la
méthode intensive.M. Pasteur a déjà modifié trois ou quatre
fois sa manière d'agir. On ne peut dire que
sa méthode soit bien établie. Elle est en
core aux tâtonnements.Je ferai remarquer que M. Pasteur a em
ployé sa méthode intensive après ma com
munication, qui démontrait que la méthode
ancienne ne préserve pas les animaux aux
quels on a fait l'inoculation sous la dure
mère, et qu'il a abandonné la méthode inten
sive que j'ai étudié ; j'ai ajouté que cette mé
thode suffisait à donner la rage aux animaux
en dehors de toute autre inoculation.On pourrait croire, d'après la lettre de
M. Pasteur, que je n'ai employé que l'ino
culation sous la dure-mère chez beaucoup d'a
nimaux. J'ai fait l'inoculation sous-cutanée.Pour la seconde fois, M. Pasteur me re
proche d'avoir répété sur le lapin les recher
ches qu'il a entreprises sur le chien. J'ai ex
posé longuement dans mon livre les motifs
qui me font choisir le lapin. Je répète que,
dans toutes mes expériences, je me suis
adressé simultanément à des chiens et à des
lapins, et que les deux espèces animales se
confortent de la même façon.M. Pasteur conclut du chien au lapin il ne
peut me reprocher de conclure du lapin
au chien.M. Pasteur me reproche de ne pas avoir
fait mes expériences avec assez de soin. Il en
donne pour preuve ce fait que j'ai perdu des
animaux de septicémie. M. Pasteur sait avec
quelle facilité les lapins prennent la septic
mie. Il n'est donc pas étonnant que j'en ai
perdu quelques-uns.Je crois avoir répondu à toutes les objec
tions de M. Pasteur. Je trouve en revanche
qu'il a laissé sans réponses une partie des
miennes. Il ne dit rien de la critique que j'ai
faite de la statistique. J'ai déclaré que son
virus fixe ne saurait être une constante, que
la dessiccation ne peut agir d'une façon uni
forme et régulière, que les inoculations
sous-cutanées sont pratiques de rage. Ces
points et d'autres encore appelleraient une
réponse.D. F R E U D.
Séance du 10 juin 1887
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