Quelques considérations pour une étude comparative des paralysies motrices organiqes et hystériqes 1893-006/1893
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    MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTERIQUES. 39

    PARALY:

    percues et paraissent supprimés de la perception personnelle,
    ce qui constitue les stigmates ; il en résulte une tendance à la
    division permanente et complète de la personnalité, à la forma-
    tion de plusie groupes de phénomènes indépendants les uns
    des autres; ces systèmes de fails psychologiques alternent les uns
    à la suite des autres ou coexistent, ce qui donne naissance aux
    attaques, aux somnambulismes, aux actes subconscients ; enfin
    ce défaut de synthèse favorise la formation de certaines idées
    parasites qui se développent complètement et indépendamment
    à l'abri du contrôle de la conscience personnelle et qui se mani-
    /estent par les troubles les plus variés, d'apparence uniquement
    physique, c'est-à-dire par les accidents. » Si on veut résumer
    en deux mots cette définition un peu complexe, on dira :
    x L'hystérie est une forme de la désagrégation mentale, earacté-
    ée par la tendance au dédoublement permanent et complet de
    la personnalité, »

    Qu'il nous soit permis de répéter encore en terminant ce
    que nous disions au début. Une définition de ce genre n’a pas
    la prétention d'expliquer les phénomènes, mais simplement
    d'en résumer 10 plus grand nombre possible. Elle sera vite,
    nous le désirons, remplacée par une définition plus compré-
    hensive qui contiendra tous les faits précédents et y ajoutera
    encore d'autres phénomènes, tels que les modifications physio-
    logiques qui accompagnent cette insuffisance cérébrale. Nous
    espérons seulement que cette définition toute provisoire pourra
    Maintenant rendre quelques services et préciser un peu les re-
    marques innombrables faites depuis longtemps par les méde-
    cins et les psychologues sur l'état mental des hystóriques.

    vis

    CLINIQUE NERVEUSE.

    QUELQUES CONSIDERATIONS POUR UNE ÉTUDE COMPARA-
    TIVE DES PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉ-
    RIQU

    Par le D` SIGM. FREUD, de Vienne (Autriche).

    M. Charcot, dont j'ai été l'élève en 1885 el 1886, a bien
    voulu, à cette époque, me confier le soin de faire une étude

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    NL

    DOS, <

    EIA

    30 CLINIQUE NERVEUSE.

    comparative des paralysies motrices organiques et hystériques,
    basée sur les observations de la Salpčtričre, qui pourrait ser-
    vir å saisir quelques caracteres généraux de la névrose et con-
    duire å une conception sur la nature de cette dernière. Des
    causes accidentelles et personnelles m'ont empêché pendant
    longtemps d'obéir à son inspiration ; aussi je ne veux apporter
    maintenant que quelques résultats de mes recherches, lais-
    sant à côté les détails nécessaires pour une démonstration com-
    plète de mes opinions.

    1. — Il faudra commencer par quelques remarques sur les
    paralysies motrices organiques, d'ailleurs généralement
    admises. La clinique nerveuse reconnait deux sortes de para-
    lysies motrices, la paralysie périphéro-spinale (ou bulbaire) et
    la paralysie cérébrale. Cette distinction est parfaitement en
    accord avec les données de l'anatomie du système nerveux
    qui nous montrent qu'il n'y a que deux segments sur le par-
    cours des fibres motrices conductrices, le premier qui va de la
    périphérie jusqu'aux cellules des cornes antérieures dans la
    moelle, et le second qui va de là jusqu'à l’écorce cérébrale. La
    nouvelle histologie du système nerveux, fondée sur les travaux
    de Golgi, Ramón y Cajal, Kólliker, ete, traduit ce fait parles
    mots : «le trajet des fibres de conduction motrices est constitué
    par deux neuron (unités nerveuses cellulo-librillaires), qui se
    rencontrent pour entrer en relation au niveau des cellules dites
    motrices des cornes antérieures. » La différence essentielle de
    ces deux sortes de paralysies, en clinique, est la suivante : La
    paralysie périphéro-spinale est une paralysie détaillée, la para-
    lysie cérébrale est une puralysie en masse. Le type de la pre-
    mière est la paralysie faciale dans la maladie de Bell, la para-
    lysie dans la poliomyélite aiguë de l’enfance, ete. Or, dans ces
    affections, chaque muscle, on pourrait dire chaque fibre mus-
    culaire, peut être paralysée individuellement et isolément. Cela
    ne dépend que du siège et de l'étendue de la lésion nerveuse,
    et il n’y a pas de règle fixe pour que l’un des éléments péri-
    phériques échappe à la paralysie, tandis que l’autre en souffre
    d’une manière constante.

    La paralysie cérébrale, au contraire, est toujours une affec-
    tion qui attaque une grande partie de la périphérie, une extré-
    mité, un segment de celle-ci, un appareil moteur compliqué.
    Jamais elle n'alfecte un muscle individuellement, par exemple
    le biceps du bras, le tibial isolément, ele., et s'il v a dos exeep-

  • S.

    PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HY ERIQUES. öl

    tions apparentes å cette rögle (le plosis cortical, par exemple),
    on voit bien qu'il s'agit de muscles qui, à eux seuls, remplissent
    une fonction de laquelle ils sont l'instrument unique.

    Dans les paralysies cérébrales des extrémités, on peut remar-
    quer que les segments périphériques souffrent toujours plus
    que les segments rapprochés du centre; la main, par exemple,
    est plus paralysée que l'épaule. II n'y a pas, que je sache, une
    paralysie cérébrale isolée de l'épaule, la main conservant sa
    motilité, tandis que le contraire est larègle dans les paralysies
    qui ne sont pas complètes.

    Dans une étude critique sur l'aphasie, publiée en 1891, Zur
    Auffassung der Aphasien, Wien, 1891, j'ai tàché de montrer
    que la cause de cette différence importante entre la paralysie
    périphéro-spinale et la paralysie cérébrale doit être eherehée
    dans la structure du système nerveux. Chaque élément de la
    périphérie correspond à un élément dans l'axe gris, qui est,
    comme le dit M. Charcot, son aboutissant nerveux; la péri-
    phéric est pour ainsi dire projetée sur la substance grise dela
    moelle, point pour point, élément pour élément. J'ai proposé
    de dénommer la paralysie détaillée périphéro-spinale, para-
    lyste de projection. Mais il n'en est pas de méme pour les rela-
    tions entre les éléments de la moelle et ceux de l'écoree. Le
    nombre des fibres conduetrices ne suffirait plus pour donner
    une seconde ‘projection de la périphérie sur l'écorce. I faut
    supposer que les fibres qui vont de la moelle à l'écorce ne repré-
    sentent plus chaeune un seul. élément périphérique, mais plu-
    tôt un groupe de ceux-ci el que méme, d'autre part, un
    élément périphérique peut correspondre à plusieurs fibres con-
    ductrices spino-corticales. C'est qu'il y a un changement
    d'arrangement qui a eu lieu au point de connexion entre les
    deux segments du systéme moteur.

    Alors, je dis la reproduction de la périphérie dans l’écorce
    n'est plus une reproduction fidele point. par point, n'est plus
    une projection véritable ; c'est une relation par des fibres, pour
    ainsi dire représentatives et je propose, pour la paralysie céré-
    brale, le nom de paralysie de représentation,

    Naturellement, quand la paralysie de projection est totale et
    d'une grande étendue, elle est aussi une paralysie en masse,
    et son grand caractère distinetif est effacé. D'autre part, la
    paralysie corticale, qui se distingue parmi les paralysies céré-
    brales par sa plus grande aptitude à la dissociation, présente

  • S.

    32 CLINIQUE NERVEUSE.

    cependant loujours le caractère d'une paralysie par représen-
    tation.

    Les autres différences entre les paralysies de projection et
    de représentation sont bien connues; je cite parmi elles l’inté-
    grité de la nutrition et de la réaction électrique qui se rattache
    à la dernière. Bien que très importants dans la clinique, ces
    signes n’ont pas la portée théorique qu'il faut attribuer au
    premier caractère différentiel que nous avons relevé, à savoir :
    paralysie détaillée ou en masse.

    On a assez souvent attribué à l'hystérie la faculté de simuler
    les alfeetions nerveuses organiques les plus diverses. Il s'agit
    de savoir si d’une facon plus précise elle simule les caractères
    des deux sortes de paralysies organiques, s'il y a des paralysies
    hystériques de projection et des paralysies hystériques de re-
    présentation, comme dans la symptomatologie organique. lei,
    un premier fait important se détache : Vhystórie ne simule
    jamais les paralysies périphéro-spinales ou de projection; les
    paralysies hystériques partagent seulement les caractères des
    paralysies organiques de représentation. C'est là un fait bien
    intéressant, puisque la paralysie de Bell, la paralysie ra-
    diale, ete., sont parmi les affections les plus communes du
    sléme nerveux

    Il est bon de faire observer ici, de manière à éviter toute
    confusion, que je ne traite que de la paralysie hystérique
    flasque et non de la contracture hystérique. Il me parait im-
    possible de soumettre la paralysie et la contracture hystériques
    aux mèmes regles. Ce n'est que des paralysies hystériques
    flasques qu'on peut soutenir qu'elles n'affectent jamais un seul
    muscle, excepté le cas où ce muscle est l'instrument unique
    d'une fonction, qu'elles sont toujours des paralysies en masse,
    et qu’elles correspondent sous ce rapport à la paralysie de
    représentation, ou cérébrale organique. En outre, en ce qui
    concerne la nutrition des parties paralysées et leurs reactions
    électriques, la paralysie hystérique présente les mèmes carac-
    tères que la paralysie cérébrale organique.

    Si la paralysie hystórique se rattache ainsi à la paralysie
    cérébrale et particulièrement à la paralysie corticale, qui pré-
    sente une plus grande facilité de dissociation, elle ne manque
    pas de s'en distinguer par des caractères importants, D'abord
    elle n'est pas soumise à cette règle, constante dans les
    sies cérébrales organiques, à savoir que le segment périphé-

  • S.

    pene

    PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES. 33

    rique est toujours plus affecté que le segment central. Dans
    l’hystérie, l'épaule ou la cuisse peuvent être plus paralysćes
    que la main ou le pied. Les mouvements peuvent venir dans
    les doigts tandis que le segment central est encore absolument
    inerte. On n’a pas la moindre diffieulté de produire artificiel-
    lement une paralysie isolée de la cuisse, de la jambe, ete, et
    on peut assez souvent retrouver, en clinique, ces paralysies
    isolées, en contradiction avec les règles de la paralysie orga-
    nique cérébrale.

    Sous ce rapport important, la paralysie hystérique est pour
    ainsi dire intermédiaire entre la paralysie de projection et la
    paralysie de représentation organique. Si elle ne possède pas
    tous les caractères de dissociation et d'isolement propres à la
    première, elle n’est pas, tant s’en faut, sujette aux strictes
    lois qui régissent la dernière, la paralysie cérébrale. Ces res-
    trictions faites, on peut soutenir que la paralysie hystérique
    est aussi une paralysie de représentation, mais d’une repré-
    sentation spéciale dont la caractéristique reste à trouver '

    IT. — Pour avancer dans cette direction, je me propose
    d'étudier les autres traits distinetifs entre la paralysie hysté-
    rique et la paralysie corticale, type le plus parfait de la para-
    lysie cérébrale organique. Le premier de ces caractères dis-
    tinctifs, nous l'avons déjà mentionné, c'est que la paralysie
    hystérique, peut être beaucoup plus dissociée, systématisée que
    la paralysie cérébrale. Les symptômes de la paralysie orga-
    nique se retrouvent comme morcelés dans l'hystérie. De l'hémi-
    plégie commune organique (paralysie des membres supérieur
    et inférieur et du facial inférieur) I'hystérie ne reproduit que
    la paralysie des membres et dissocie même assez souvent, et
    avec la plus grande facilité, la paralysie du bras de celle de la
    jambe sous forme de monoplégies. Du syndrome de l'aphasie

    ` Chemin faisant, je ferai remarquer que ce carac
    paralysie hystérique de la jambe que M. Charcot a relevé
    å savoir que l'hystérique tr
    lieu d'exécuter la circumduction avec la hanche que fait Phémiplégique
    ordinaire, s'explique facilement par la propriété de la névrose que j’
    mentionné, Pour l'hémiplégie organique, la partie centrale de l'extrémité
    est toujours un peu indemne, le malade peut remuer la hanche et il en
    fait usage pour ce mouvement de cireumduction, qui avancer la
    jambe. Dans l'hystérie, la parti trale (la hanche) ne jouit pas de ce
    privilège, la pa e y est aussi complete que dans la partie périphé-
    rique et en conséquence, la jambe doit être traînée en masse.

    ARCHIVES, t. XXVI. 3

    important de la
    d'après Todd,

    C

  • S.

    34 CLINIQUE NERVEUSE.

    organique, elle reproduit l'aphasie motrice à l’état d'isole-
    ment, et ce qui est chose inouie dans l'aphasie organique, elle
    peut créer une aphasie totale (motrice et sensitive) pour telle
    langue, sans attaquer le moins du monde la faculté de com-
    prendre et d'articuler telle autre, comme je Vai observé dans
    quelques cas inédits. Ce même pouvoir de dissociation se ma-
    nifesle dans les paralysies isolées d’un segment de membre
    avec intégrité complète des autres parties du même membre,
    ou encore dans l'abolition complète d'une fonction (abasie,
    astasie) avec intégrité d'une autre fonction exécutée par les
    mémes organes. Cette dissociation est d'autant plus frappante,
    quand la fonction respectée est la plus complexe. Dans la symp-
    tomatologie organique, quand il y a affaiblissement inégal de
    plusieurs fonctions, c’est toujours la fonction la plus complexe,
    celle d’une acquisition postérieure, qui est la plus atteinte en
    conséquence de la paralysie.

    La paralysie hystérique présente de plus un autre carac-
    tère qui est comme la signature de la névrose et qui vient
    s'ajouter au premier. En effet, comme je l'ai entendu dire à
    M. Charcot, l'hystérie est une maladie à manifestations exces-
    sives, ayant une tendance à produire ses symptômes avec la
    plus grande intensité possible. C’est un caractère qui ne se
    montre pas seulement dans les paralysies, mais aussi dans les
    contractures et les anesthésies. On sait jusqu’à quel degré de
    distorsion peuvent aller les contractures hystériques, qui sont
    presque sans égales dans la symptomatologie organique. On
    sait aussi combien sont fréquentes dans l'hystérie les anesthé-
    sies absolues, profondes, dont les lésions organiques ne peu-
    vent reproduire qu'une faible esquisse. Il en est de même pour
    les paralysies. Elles sont souvent on ne peut plus absolues;
    laphasique ne profere pas un mot, tandis que l’aphasique
    organique garde presque toujours quelques syllabes, le « oui
    et non », un juron, ete.; le bras paralysé. est absolument
    inerte, ete. Ce caractère est trop bien connu pour y persister
    longuement, Au contraire, on sait que, dans la paralysie orga-
    nique, la parésie est toujours plus fréquente que la paralysie
    absolue.

    La paralysie hystérique est done d'une limitation exacte et
    d’une intensité excessive; elle possède ces deux qualités à la
    fois el c'est en cela qu'elle contraste le plus avec la paralysie
    cérébrale organique, dans laquelle, d’une manière constante,

  • S.

    PARALYSIES MOTRICES ORCANIQUES ET HYSTERIQUES. 35

    ces deux caractères ne s'associent pas. Il existe aussi des mono-
    plégies dans la symptomatologie organique, mais celles-ci sont
    presque toujours des monoplégies a potiori et non exactement
    délimitées. Si le bras se trouve paralysé en conséquence d'une
    lésion corticale organique, il y a presque toujours aussi atteinte
    concomitante moindre du facial et de la jambe, et si cette
    complication ne se voit plus à un moment donné, elle a cepen-
    dant bien existé au commencement de l'affection. La mono-
    plégie corticale est, à vrai dire, toujours une hémiplégie dont
    telle ou telle partie est plus ou moins effacée, mais toujours
    reconnaissable. Pour aller plus loin, supposons que la para-
    lysie mait affecté aucune autre partie que le bras, que ce
    seit une monoplégie corticale pure; alors on voit que la para-
    lysie est d’une intensité modérée. Aussitôt que cette monoplé-
    gie augmentera en intensité, qu’elle deviendra une paralysie
    absolue, elle perdra son caractère de monoplégie pure et s’ac-
    compagnera de troubles moteurs dans la jambe ou la face.
    Elle ne peut pas devenir absolue et restée délimitée à la fois.

    C’est ce que la paralysie hystérique peut, au contraire, fort
    bien réaliser, comme la clinique le montre chaque jour. Elle
    affecte par exemple le bras d’une facon exclusive, on n’en
    trouve pas trace dans la jambe ou la face. De plus, au niveau
    du bras, elle est aussi forte qu’une paralysie peut l'être, et
    c'est là une différence frappante avec la paralysie organique,
    différence qui prête grandement à penser.

    Naturellement, il y a des cas de paralysie hystérique dans
    lesquels l'intensité n'est pas excessive et où la dissociation
    n'offre rien de remarquable. Ceux-ci, on les reconnait au moyen
    d'autres caracteres; mais ce sont des cas qui ne portent pas
    l'empreinte typique de la névrose et qui, ne pouvant en rien
    nous renseignersur sa nature ne présentent point d'intérêt au
    point de vue qui nous oceupe ici.

    Ajoutons quelques remarques d’une importance secondaire,
    qui même dépassent un peu les limites de notre sujet.

    Je constaterai d'abord que les paralysies hystériques s'aceom-
    pagnent beaucoup plus souvent de troubles de la sensibilité
    que les paralysies organiques. En général, ceux-ci sont plus
    profonds et plus fréquents dans la névrose que dans la sympto-
    matologie organique. Rien de plus commun que l’anesthésie
    ou l'analgésie hystérique. Qu'on se rappelle par contre avec
    quelle ténacité la sensibilité persiste en cas de lésion nerveuse,

  • S.

    36 CLINIQUE NERVEUSE.

    Si l'on sectionne un nerf périphérique, l'anesthésie sera
    moindre en étendue et intensité qu'on ne s’y attend. Si une
    lésion inflammatoire attaque les nerfs spinaux ou les centres
    de la moelle, on trouvera toujours que la motilité souffre en
    premier lieu et que la sensibilité est épargnée ou seulement
    affaiblie, car il persiste toujours quelque part des éléments
    nerveux qui ne sont pas complètement détruits. En cas de
    lésion cérébrale, on connaît la fréquence et la durée de l’hémi-
    plégie motrice, tandis que l'hémianesthésie concomitante est
    indistincte, fugace et ne se trouve pas dans tous les cas. Il n'y
    a que quelques localisations tout à fait spéciales qui puissent
    produire une affection de la sensibilité intense et durable (car-
    refour sensitif), et même ce fait n'est pas exempt de doutes.

    Cette manière d’être de la sensibilité, différente dans leslésions
    organiques et dans l'hystérie, n’est guère explicable aujour-
    d'hui. 1] semble qu'il y ait là un problème dont la solution
    nous renseignerait peut-être sur la nature intime des choses,

    Un autre point qui me parait digne d’être relevé, c'est qu'il
    y a quelques formes de paralysie cérébrale qui ne se trouvent
    pas réalisées dans l'hystérie, pas plus que les paralysies péri-
    phéro-spinales de projection. Il faut citer en premier lieu la
    paralysie du facial inférieur, la manifestation la plus fréquente
    d’une affection organique du cerveau et, si je me permets de
    passer dans les paralysies sensorielles pour un moment, l’hé-
    mianopsie latérale homonyme. Je sais que c’est presque une
    gageure que de vouloir affirmer que tel ou tel symptôme ne
    se trouve pas dans l'hystérie, quand les recherches de M. Char-
    cot et de ses élèves y découvrent, on pourrait dire journelle-
    ment, des symptômes nouveaux qu'on n'avait point soupçonnés
    jusque-là. Mais il me faut prendre les choses comme elles sont
    actuellement, La paralysie faciale hystérique est fortement
    contestée par M. Charcot et même, si on croit ceux qui en
    sont partisans, c'est un phénomène d'une grande rareté. L'hé-
    mianopsie n'a pas encore été vue dans l'hystérie et, je pense,
    elle ne le sera jamais.

    Maintenant, d'oü vient-il que les paralysies hystériques,
    tout en simulant de pres les paralysies corticales, s'en écartent
    par les traits distinetifs que j'ai tàché d'énumérer, et quel est
    le caractère général de la représentation spéciale auquel il
    faut les rattacher? La réponse à cette question contiendrait
    une bonne et importante partie de la théorie de la névrose.

  • S.

    PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTÉRIQUES, 37

    III. — II n'y a pas le moindre doute sur les conditions qui
    dominent la symptomatologie de la paralysie cérébrale. Ce
    sont les faits de l'anatomie, la construction du système ner-
    veux, la distribution de ses vaisseaux et la relation entre ces
    deux séries de faits et les circonstances de la lésion. Nous avons
    dit que le nombre moindre des fibres qui vont de la moelle au
    cortex en comparaison avec lenombre des fibres qui vont de la
    périphérie à la moelle, est la base de la différence entre la
    paralysie de projection et celle de représentation. De même,
    chaque détail clinique de la paralysie de représentation peut
    trouver son explication dans un détail de la structure céré-
    brale et vice versa nous pouvons déduire la construction du
    cerveau des caractères cliniques des paralysies. Nous croyons
    à un parallélisme parfait entre ces deux séries.

    Ainsi s’il n’y a pas une grande facilité de dissociation pour
    la paralysie cérébrale commune, c’est parce que les fibres de
    conduction motrices sont trop rapprochées sur une longue
    partie de leur trajet intracérébral pour être lésées isolément.
    Si la paralysie corticale montre plus de tendance aux mono-
    plégies, c'est parce que le diamètre du faisceau conducteur
    brachial, crural, ete., va en croissant jusqu’à l'écorce. Si de
    toutes les paralysies corticales celle de la main est la plus
    complète, cela vient, croyons-nous, du fait, que la relation
    croisée entre l'hémisphère et la périphérie est plus exclusive
    pour la main que pour toute autre partie du corps. Si le seg-
    ment périphérique d'une extrémité souffre plus de la paralysie
    que le segment central, nous supposons que les fibres repré-
    sentatives du segment périphérique sont beaucoup plus nom-
    breuses que celles du segment central, de sorte que influence
    corticale devient plus importante pour le premier qu'elle n'est
    pour le dernier. Si les lésions un peu étendues de l'écorce ne
    réussissent pas à produire des monoplégies pures, nous en con-
    cluons que les centres moteurs surl`⑥corce ne sont pas nette-
    ment séparés les uns des autres par des territoires neutres, ou
    qu’il y a des actions en distance (Fernwirkungen) qui annu-
    leraient l'effet d'une séparation exacte des centres.

    De méme s'il y a dans l'aphasie organique, toujours un
    mélange detroublesde diverses fonelions, ca. s'explique par le
    fait que des branches de la mème artère nourrissent tous les
    centres du langage, ou si l'on accepte l'opinion énoncée dans
    mon étude critique sur l'aphasie, parce qu'il ne s'agit pas de

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  • S.

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    ‎38 CLINIQUE NERVEUSE,

    ‎centres séparés, mais d'un territoire continu d'association, En
    tout cas, il existe toujours une raison tirée de l'anatomie.

    ‎Les associations remarquables qu’on observe si souvent
    dans la clinique des paralysies corticales : aphasie motrice
    et hémiplégie droite, alexie et hémianopsie droite, s'expli-
    quent par le voisinage des centres lésés. L'hémianopsie mème,
    symptôme bien curieux et étranger à l'esprit non scientifique,
    ne se comprend que par l'entre-croisement des fibres du nert
    optique dans le chiasma; elle en est l'expression clinique,
    comme tous les détails des paralysies cérébrales sont l'expres-
    sion clinique d'un fait anatomique.

    ‎Comme il ne peut y avoir qu'une seule anatomie cérébrale
    qui soit la vraie et comme elle trouve son expression dans les
    caracteres cliniques des paralysies cérébrales, il est évidem-
    ment impossible que cette anatomie puisse expliquer les traits
    distinetifs de la paralysie hystérique. Pour cette raison, il
    n'est pas permis de tirer au sujet de l'anatomie cérébrale des
    conclusions basées sur la symptomatologie de ces paralysies.

    ‎Assurément il faut s'adresser à la nature de la lésion pour
    obtenir cette explication difficile. Dans les paralysies organi-
    ques, la nature de la lésion joue un róle secondaire, ce sont
    plutót l'étendue et la localisation dela lésion, qui dans les
    conditions données de structure du systeme nerveux produisent
    les caracteres de la paralysie organique, que nous avons rele-
    vés. Quelle pourrait être la nature de la lésion dans la para-
    lysie hystérique, qui à elle seule domine la situation, indé-
    pendamment de la localisation, de l'étendue de la lésion et de
    Tanatomie du système nerveux ?

    ‎M. Снавсот nous a enseigné assez souvent que c'est une
    lésion eorticale mais purement dynamique ou fonctionnelle.

    ‎C'est une thése dont on comprend bien le cóté négatif. Cela
    équivaut à affirmer qu'on ne trouvera pas de changements de
    tissus appréciables à l'autopsie; mais à un point de vue plus
    positif, son interprétation est loin d'étre à l'abri de l'équivoque.
    Qu'est-ce done qu'une lésion dynamique? Je suis bien sür que
    beaucoup de ceux qui lisent les œuvres de M. Cuarcor, croient
    que la lésion dynamique est bien une lésion, mais une lésion
    dont on ne retrouve pas la trace dans le cadavre, comme un
    ædéme, une anémie, une hypérémie active. Mais ce sont la,
    bien qu'elles ne persistent pas nécessairement après la mort,
    des lésions organiques vraies, qu'elles soient légeres et fugaces.

  • S.

    PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTERIQUES. 39

    II est nécessaire que les paralysies produites par les lésions
    de cet ordre, partagent en tout les caractères de la paralysie
    organique. L'edeme, l'anémie ne pourraient, plutót que l’hé-
    morragie et le ramollissement, produire la dissociation et I'in-
    tensité des paralysies hystériques. La seule différence serait
    que la paralysie par Vædeme, par la constriction vasculaire
    ete., doit étre moins durable que la paralysie par destruction
    du tissu nerveux. Toutes les autres conditions leur sont com-
    munes et l'anatomie du systeme nerveux déterminera les pro-
    priétés de la paralysie aussi bien dans le cas d'anémie fugace
    que dans le cas d'anémie permanente et définitive.

    Je ne erois pas que ces remarques soient tout à fait gra-
    tuites. Si on lit « qu'il doit y avoir une lésion hystérique »
    ans tel ou tel centre, le méme dont la lésion organique pro-
    uirait le syndrome organique correspondant, si l'on se sou-
    vient qu'on s'est habitué à localiser la lésion hystérique dyna-
    mique de méme maniére que la lésion organique, on est porté
    à croire que sous l'expression « lésion dynamique » se cache
    l’idée d'une lésion comme l'edeme, l'anémie, qui, en vérité,
    sont des affections organiques passageres. J'affirme par contre
    que la lésion des paralysies hystériques doit étre tout à fait
    indépendante de l'anatomie du système nerveux, puisque l’Ays-
    térie se comporte dans ses paralysies el autres manifestations
    comme si l'anatomie n'existait pas, ou comme si elle n'en avait
    nulle connaissance.

    Un bon nombre des caractères des paralysies hystériques
    justifient en vérité cette affirmation. L'hystérie est ignorante
    de la distribution des nerfs et c'est pour cette raison qu'elle ne
    simule pas les paralysies périphéro-spinales ou de projection ;
    elle ne connait pas le chiasma des nerfs optiques et conséquem-
    ment elle ne produit pas l'hémaniopsie. Elle prend les organes
    dans le sens vulgaire, populaire du nom qu'ils portent : la
    jambe est la jambe jusqu'à l'insertion de la hanche, le bras
    est l’extrémité supérieure comme elle se dessine sous les vête-
    ments. Il n'y a pas de raison pour joindre à la paralysie du
    bras la paralysie de la face. L'hystérique qui ne sait pas parler
    n'a pas de motif pour oublier l'intelligence du langage, puisque
    aphasie motrice et surdité verbale n'ont aucune parenté dans
    la notion populaire, etc. Je ne peux que m'associer pleinement
    sur ce point aux vues que M. JANET a avancées dans les der-
    niers numéros des Archives de Neurologie ; les paralysies hys-

    PREV. "හේ. ao GT BT Gt ONA

  • S.

    mm

    +

    Ne

    40 CLINIQUE NERVEUSE.

    tériques en donnent la preuve aussi bien que les anesthésies
    et les symptômes psychiques,

    IV. — Je tåcherai enfin de développer comment pourrait étre
    la lésion qui est la cause des paralysies hystériques. Je ne dis
    pas que je montrerai comment elle en fait; il s'agit seulement
    d'indiquer la ligne de pensée qui peut conduire à une concep-
    tion qui ne contredit pas aux propriétés de la paralysie hysté-
    rique, en tant qu’elle diffère de la paralysie organique céré-
    brale.

    Je prendrai le mot « lésion fonctionnelle ou dynamique »
    dans son sens propre : « altération de fonction ou de dyna-
    misme » ; altération d’une propriété fonctionnelle. Une telle
    altération serait par exemple une diminution de l’excitabilité
    ou d’une qualité physiologique qui dans l’état normal reste
    constante ou varie dans des limites déterminées.

    Mais dira-t-on, Valtération fonctionnelle n’est pas autre
    chose, elle n’est qu'un autre côté de l’altération organique.
    Supposons que le lissu nerveux soit dans un état d'anémie
    passagère, son excitabilité sera diminuée par cette circonstance,
    il n’est pas possible d'éviter d'envisager les lésions organiques
    par ce moyen.

    J'essaierai de montrer qu'il peut y avoir altération fonction-

    nelle sans lésion organique concomitante, sans lésion gros-
    sière palpable du moins, méme au moyen de l'analyse la plus
    délicate. En d’autres termes, je donnerai un exemple appro-
    prié d’une altération de fonction primitive; je ne demande
    pour cela que la permission de passer sur le terrain de la
    psychologie, qu’on ne saurait éviter quand on traite de
    l'hystérie.
    - Je dis avec M. Janet, que c'est la conception banale, popu-
    laire des organes et du corps en général, qui est en jeu dans
    les paralysies hystériques comme dans les anesthésies, etc.
    Cette conception n'est pas fondée sur une connaissance appro-
    fondie de l'anatomie nerveuse mais sur nos perceptions tac-
    tiles et surtout visuelles. Si elle détermine les caractères de
    la paralysie hystérique, celle-là doit bien se montrer igno-
    rante et indépendante de toute notion de l'anatomie du sys-
    téme nerveux. La lésion де la paralysie hystérique sera done
    une altération de la conception, de l'idée de bras, par
    exemple. Mais de quelle sorte est cette altération pour pro-
    duire la paralysie?

    ^"

  • S.

    PARALYSIES MOTRICES ORGANIQUES ET HYSTERIQUES. ④①

    Considérée psychologiquement la paralysie du bras consiste
    dans le fait que la conception du bras ne peut pas entrer en
    association avec les autres idées qui constituent le moi dont le
    corps de l'individu forme une partie importante. La lésion
    serait done l'abolition de l'accessibilité associative de la con-
    ception du bras. Le bras se comporte comme s'il n'existait pas
    pour le jeu des associations. Assurément si les conditions maté-
    rielles, qui correspondent à la conception du bras, se trouvent
    profondément altérées, cette conception sera perdue aussi,
    mais j'ai à montrer qu'elle peut être inaccessible sans qu'elle
    soit détruite et sans que son substratum matériel (le tissu ner-
    veux de la région correspondante de l'écorce) soit endom-
    magé.

    Je commencerai par des exemples tirés de la vie sociale. On
    raconte l'histoire comique d'un sujet loyal qui ne voulut plus
    laver sa main, parce que son souverain l'avait touchée. La
    relation de cette main avec l'idée du roi semble si importante
    à la vie psychique de l'individu, qu'il se refuse à faire entrer
    cette main en d’autres relations, Nous obéissons à la même
    impulsion sinous cassons le verre dans lequel nous avons bu
    à la santé de jeunes mariés; les anciennes tribus sauvages
    brûlant le cheval, les armes ét même les femmes du chef
    mort, avec son cadavre, obéissaient à cette idée que nul ne
    devait plus les toucher après lui. Le motif de toutes ces
    actions est bien clair. La valeur affective que nous attribuons
    à la première association d'un objet répugne à le faire entrer
    en association nouvelle avec un autre objet et par suite rend
    l’idée de cet objet inaccessible à l'association.

    Ce n’est pas une simple comparaison, c'est presque la chose
    identique, si nous passons dans le domaine de la psychologie
    des conceptions. Si la conception du bras se trouve engagée
    dans une association d'une grande valeur affective, elle sera
    inaccessible au jeu libre des autres associations. Le bras sera
    paralysé en proportion de la persistance de cette valeur añec-
    tive ou de sa diminution par des moyens psychiques appropriés.
    C'est la solution du problème que nous avons posé, car dans
    tous les cas de paralysie hystérique on trouve que Tor ane
    paralysé ou la fonction abolie est engagé dans une association
    subconsciente qui est munie d'une grande valeur affective, el l’on
    peut montrer que le bras devient libre aussitôt que cette valeur
    affective est effacée. Alors la conception du bras existe dans le

  • S.

    E.

    42 CLINIQUE NERVEUSE.

    substratum matériel, mais elle n'est pas accessible aux asso-
    ciations et impulsions conscientes parce que toute son affinité
    associative, pour ainsi dire, est saturée dans une association
    subconsciente avec le souvenir de l'événement, du trauma, qui
    a produit cette paralysie.

    C'est M. Charcot qui nous a enseigné le premier qu'il faut
    s'adresser à la psychologie pour l'explication de la névrose
    hystérique. Nous avons suivi son exemple, Breuer et moi, dans
    un mémoire préliminaire (Uber den psychischen Mechanismus
    hysterischer Phänomene, Neurolog. Centralblatt, nº 1 und 2,
    1893). Nous démontrons dans ce mémoire que les symptômes
    permanents de l'hystérie dite non traumatique s'expliquent
    (à part les stigmates) par le même mécanisme que Charcot à
    reconnu dans les paralysies traumatiques. Mais nous donnons
    aussi la raison pour laquelle ces symptômes persistent et
    peuvent être guéris par un procédé spécial de psychothérapie
    hypnotique. Chaque événement, chaque impression psychique
    est munie d'une certaine valeur affective (A/fectbetrag), dont
    le moi se délivre ou par la voie de réaction motrice ou par un
    travail psychique associatif. Si Vindividu ne peut ou ne veut
    s'acquitter du surcroît, le souvenir de cette impression acquiert
    l'importance d'un trauma et devient la cause de symptômes
    permanents d'hystérie. L'impossibilité de l'élimination s'im-
    pose quand l'impression reste dans le subconscient. Nous avons
    appelé cette théorie : Das A breagiren der Reizzuwichse.

    En résumé, je pense qu'il est bien en accord avec notre vue
    générale sur l'hystérie, telle que nous l'avons pu former
    d’après l'enseignement de M. Charcot, que la lésion dans les
    paralysies hystériques ne consiste pas en autre chose que dans
    Vinaccessibilité de la conception de l’organe ou de la fonction
    pour les associations du moi conscient, que cette altération
    purement fonctionnelle (avec intégrité de la conception même)
    est causée par la fixation de cette conception dans une asso-
    ciation subconsciente avec le souvenir du trauma et que cette
    conception ne devient paslibre et accessible tant que la valeur
    affective du trauma psychique n’a pas été éliminée par la
    réaction motrice adéquate ou par le travail psychique cons-
    cient. Mais même si ce mécanisme n'a pas lieu, s'il faut pour
    la paralysie hystérique toujours une idée autosuggestive
    directe comme dans les cas traumatiques de M. Charcot, nous
    avons réussi à montrer de quelle nature la lésion ou plutôt

    C

  • S.

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    REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUES. 43

    l’altération dans la paralysie hystérique devrait être, pour
    expliquer ses différences avec la paralysie organique cé
    brale.

    REVUE D'ANATOMIE ET DE PHYSIOLOGIE
    PATHOLOGIQUES.

    I. Les SINUS ET LES VEINES DES PAROIS DE LA CAVITE RACHIDIENNE
    par le D" TROLARD.

    M. le professeur Trolard frappé de la différence que présente
    suivant les auteurs la description des veines intra-rachidiennes, a
    repris leur étude dans un travail tout récent et encore inédit, Il
    attribue le défaut de précision des descriptions faites jusqu'à ce
    jour, aux difficultés de la dissection dans l’intérieur du rachis qui
    oblige à avoir recours à l'ouverture de fenêtres, souvent insuffi-
    santes pour apercevoir l’ensemble des dispositions, ou bien telle-
    ment grandes qu'il ne reste plus grand'chose de ce que l'on veut
    observer,

    La suffusion des injections solides est aussi une cause d'erreur,
    L'extréme minceur des parois des veines, lesquelles ne sont pas du
    tout soutenues, dans certaines parties tout au moins, et la facilité
    avec laquelle le tissu cellulaire péri-dure-mérien se laisse injecter,
    expliquent les suffusions.

    M. Trolard a obtenu de bons résultats avec les injections par la
    voie artérielle, Grâce aux injections conservatrices, qui désobs-
    truent et déblaient les voies de communication on arrive aisément
    à injecter les veines.

    On peut se servir aussi des injections mercurielles, mais on
    ne peut remplir que des points très limités, en raison des multi-
    ples ouvertures que l’on pratique dans les veines quand on fait
    une brèche au canal rachidien. Le meilleur procédé consiste à
    ouvrir les canaux sur la sonde, et à insuffler ceux que la sonde
    ne peut pénétrer,

    M. Trolard s'est servi dix fois de colonnes vertébrales décalei-
    fiées dans une solution acidulée. Cela lui a permis de faire un
    grand nombre de coupes horizontales. De plus, étant donnée la
    malléabilité du tissu osseux, il a pu, aprés avoir fait des ouvertures
    peu étendues dans la partie postérieure du rachis, fixer les deux